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Trois filles à Banff

France Perras et Jessica Heafey au Banff Centre for the arts © Emilie Leclerc

France Perras et Jessica Heafey au Banff Centre for the arts © Emilie Leclerc

Le 28 novembre dernier, 17 artistes francophones provenant de partout au Canada ont convergé au Banff Centre for the Arts pour trois semaines de stage intensif organisé par l’Association des théâtres francophones du Canada (ATFC) et l’École nationale de théâtre. Les comédiennes vancouvéroises Jessica Heafey, Émilie Leclerc et France Perras étaient du nombre.

« La journée commençait avec des réchauffements en groupe. Puis nous nous dirigions vers nos ateliers respectifs », se rappelle Jessica Heafey. Trois ateliers différents étaient offerts dans le cadre du stage : un atelier de dramaturgie, un laboratoire sur le processus de création et un atelier sur la voix, la diction et la phonétique. C’est ce dernier atelier qu’ont suivi Émilie, France et Jessica, sous la gouverne du professeur et comédien Luc Bourgeois. « Luc est un praticien extraordinaire », souligne France Perras. « Le cours avait une partie très technique où nous faisions des exercices de résonnance, de prononciation ou de respiration. Puis nous mettions tout ça en pratique sur des textes extrêmement variés, allant de Molière à Fanny Britt. » Chacun des participants a également reçu un suivi personnalisé du professeur lors de sessions de travail individuelles.

Formée au Studio 58 de Vancouver, Émilie Leclerc était particulièrement heureuse d’avoir la chance de travailler des classiques de la langue française. « Durant mes études, j’ai appris à travailler avec mon corps et ma voix, mais jamais en français. À Banff, j’ai pu construire le lien entre mes connaissances et ma pratique en français. Je me sens mieux équipée pour attaquer toutes sortes de textes. » Même son de cloche du côté de Jessica, pour qui une telle formation en anglais est bien souvent inutile quand vient le temps de travailler en français : « Ce ne sont pas les mêmes muscles, ni les mêmes résonances qui sont utilisés dans les deux langues. Et on ne récite pas du Molière et du Shakespeare de la même façon.»

Durant leurs trois semaines de formation, les comédiennes ont pu se concentrer exclusivement sur leur pratique. « Nous étions logées et nourries dans un endroit très inspirant », se remémore France avec enthousiasme. « En tant qu’artiste, nous avons besoin d’espace pour laisser entrer l’inspiration et c’est exactement ce que nous offrait le Banff Centre. Le fait de sortir du quotidien nous fait voir de nouvelles possibilités. »

Le stage a également permis aux trois Vancouvéroises de rencontrer d’autres artistes francophones œuvrant en milieu minoritaire. « La cohésion du groupe était extraordinaire », souligne Émilie. « Tout le monde était ouvert à prendre le temps de connaître les autres. En discutant, j’ai réalisé que nous vivions des enjeux similaires. » Que ce soit pour développer de nouveaux projets, demander conseil ou, simplement, briser l’isolement, un réseau professionnel en français est un atout précieux, selon les comédiennes. « Je me sens plus connectée, moins isolée, plus inspirée. Si je veux faire un projet, j’ai plus de ressources, plus d’artistes à contacter. Je ne suis plus toute seule », soutient Jessica. Les rencontres et les révélations étaient aussi au rendez-vous pour les professeurs de l’École nationale de théâtre Luc Bourgeois, Alice Ronfard et Sylvain Bélanger. « Ils nous ont dit être heureux de découvrir des artistes francophones de ce calibre à l’extérieur du Québec », raconte France.

Quand on leur demande ce que représente pour elles l’accès à de la formation continue en français, Jessica, Émilie et France sont unanimes. C’est essentiel, pour continuer à décrocher des contrats. « Notre principal outil de travail, c’est nous. Notre instrument, c’est notre corps. Il faut le garder aiguisé. Si je suis appelée en audition, je dois être prête le lendemain à jouer n’importe quel rôle, n’importe quel texte », affirme Jessica.

Craig Holzschuh, directeur artistique du Théâtre la Seizième, est bien au fait de cette réalité : « C’est primordial d’offrir de telles occasions de perfectionnement à nos artistes si nous voulons continuer à offrir un théâtre de qualité dans notre communauté. » Le stage de perfectionnement auquel ont participé Jessica, Émilie et France est d’ailleurs une initiative qu’il a contribué à développer à  titre de président de l’ATFC de 2006 à 2010. Et bonne nouvelle : cet événement sera reconduit, chaque année, au mois de décembre.

Pour plus d’information sur le stage intensif de perfectionnement, visitez le site internet de l’ATFC.