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Entrevue avec Marie-Claire Marcotte

Marie-Claire Marcotte est une étoile montante du théâtre franco-canadien. Comédienne et auteure, elle a travaillé avec une dizaine de compagnies de théâtre à travers le Canada depuis sa sortie du Conservatoire George Brown à Toronto, en plus de mener ses propres projets de création avec sa compagnie Beaver Theatre. Avec son énergie communicative et son sourire mystérieux, elle est celle qu’il nous fallait pour jouer Sarah, l’héroïne de Statu Quo.

Marcotte, Marie-Claire

Dans Statu Quo, Marie-Claire Marcotte interprète Sarah.

Qu’est-ce qui t’a poussé à travailler sur Statu Quo avec le Théâtre la Seizième?
J’ai eu la chance de suivre la pièce depuis ses tout débuts. En septembre 2011, j’ai été invitée à lire quelques extraits lors de la biennale Zones théâtrales à Ottawa. J’ai ensuite prêté ma voix à Adèle lors d’une lecture au Festival du jamais lu à Montréal au printemps dernier. Dès la première lecture, j’ai été intriguée par le texte. C’est une pièce très simple en apparence, mais derrière laquelle se trouvent plusieurs couches de sens. Les personnages, les thèmes abordés et le scénario sont beaucoup plus complexes qu’ils en ont l’air. Je suis donc très heureuse de pouvoir vivre l’étape finale et incarner Sarah, cette fois, pour la production.

Tu travailles en anglais et en français à travers le Canada. Quels sont les défis et les avantages de faire carrière dans les deux langues officielles? Mon bilinguisme me donne davantage d’occasions de travail. Je voyage beaucoup et j’ai la chance de découvrir les différentes communautés francophones du Canada. C’est très enrichissant. J’aime surtout être exposée aux différents accents francophones! Comme mon cerveau fonctionne constamment dans les deux langues, j’ai parfois de la difficulté à me plonger totalement dans une seule langue. Des mots anglais se glissent ici et là dans mon vocabulaire français et vice-versa. Je crois que c’est le défi de plusieurs personnes qui vivent en milieu minoritaire.

Tu écris également pour le théâtre. Est-ce que ton métier de dramaturge te sert comme comédienne en salle de répétition? C’est plutôt mon métier de comédienne qui nourrit mon écriture, sans doute parce que le métier de dramaturge est plus récent pour moi. En écrivant, je suis plongée dans mon propre imaginaire et la chance de pouvoir découvrir celui d’un autre artiste est rafraîchissant. J’aime découvrir le choix de mots et de ponctuations des autres. C’est particulièrement vrai avec Statu Quo. Je connais bien le travail de Gilles et je sais qu’il est très précis, très réfléchi lorsqu’il écrit. Ça rend cette expérience doublement enrichissante pour moi.

Que penses-tu de ton personnage Sarah? Est-ce que tu t’associes à elle ou, au contraire, pas du tout? Contrairement à Sarah pour qui l’avenir est angoissant, j’ai toujours su que je voulais être une artiste. Je ressemblais davantage à Adèle lorsque j’étais jeune. Je savais que tout de suite après l’école secondaire, j’irais étudier ailleurs – même si je ne savais pas encore où exactement. Par contre, je m’associe au questionnement de mon personnage. Sarah veut faire quelque chose de constructif avec sa vie, mais elle ne sait pas quoi exactement, ni comment s’y prendre. Encore aujourd’hui, j’ai parfois ce sentiment-là. Est-ce que je fais la bonne chose? Est-ce que je suis sur la bonne voie? Derrière la question « quoi faire? », il y a ce désir de se réaliser et d’utiliser son énergie pour servir de bons objectifs. J’aime ce côté de Sarah. Elle recherche activement une réponse à ses questions et est très attentive à ce qui se passe autour d’elle.

Qu’est-ce qui t’attend après Statu Quo? Je finalise présentement la production des derniers épisodes de On the Heated Floor (http://www.ontheheatedfloor.com), une web série que j’ai créée avec ma compagnie, Beaver Theatre. Côté écriture, je travaille sur un deuxième texte pour le théâtre qui s’appelle Peau. Une période d’écriture et de travail avec ma dramaturge à Montréal est d’ailleurs prévue après la tournée de Statu Quo.