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The Dragonfly of Chicoutimi s’envole vers Vancouver

Le Théâtre la Seizième, le Festival PuSh et SFU Woodward’s Cultural Programs sont fiers de présenter The Dragonfly of Chicoutimi de l’auteur primé Larry Tremblay, un spectacle francophone écrit avec des mots anglais. Cette production époustouflante du Théâtre Pàp (Montréal) sera à l’affiche au Goldcorp Centre for the Arts (Fei and Milton Wong Experimental Theatre) du 22 au 25 janvier 2014.

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Daniel Parent, Étienne Pilon, Dany Boudreault, Patrice Dubois et Mani Soleymanlou © Danny Taillon

Antihéros au cœur de l’œuvre, Gaston Talbot vous dit d’emblée : « I travel a lot. » Mais vous comprenez rapidement qu’il n’a jamais voyagé. Il dit : « To keep in touch. » Mais vous comprenez tout aussi vite qu’il ne parle pas anglais, mais français à travers des mots anglais. Gaston Talbot ne cesse de se reprendre, de corriger, de changer ce qu’il dit de lui-même, de sa mère, de ses jeux d’enfant troubles avec Pierre Gagnon, ce qu’il dit aussi de ce rêve agité au sortir duquel, après des années de mutisme, il s’est réveillé parlant anglais. Peu à peu, Gaston Talbot vous aspire dans sa spirale où les vérités, à force de tournoyer, vous entrainent au fond d’un gouffre.

Interprété par Jean-Louis Millette, The Dragonfly of Chicoutimi avait provoqué une véritable onde de choc lors de sa création en 1995, à l’aube du 2e référendum du Québec.  Le monologue, emblématique d’une nouvelle génération de pièces franco-canadiennes, s’est rapidement taillé une place essentielle au sein de la dramaturgie québécoise. Le metteur en scène Claude Poissant, dont c’est la troisième collaboration avec Tremblay, revisite aujourd’hui ce « striptease psychologique » et le déploie, cette fois, pour cinq comédiens (Dany Boudreault, Patrice Dubois, Daniel Parent, Étienne Pilon et Mani Soleymanlou). Ainsi déconstruite, l’œuvre expose les ressorts tordus de l’esprit fracturé de Gaston et résonne d’une tout autre signification.

citation-dragonflyÀ travers des textes comme Le Déclic du destin (1988), La Leçon d’anatomie (1992), Le Ventriloque (2001) ou Abraham Lincoln va au théâtre (2005), Larry Tremblay a patiemment construit une œuvre atypique – d’audience internationale – où, sur un fond de désagrégation du corps, les personnages ne cessent de créer des fictions identitaires dont ils sont le sujet. « L’œuvre de Larry est en suspension dans les profondeurs », dit son metteur en scène Claude Poissant, « les pieds ne touchent jamais au fond de la mer. »

Metteur en scène, auteur, comédien et dramaturge, Claude Poissant fut à la barre de nombreuses créations d’auteurs québécois (Jasmine Dubé, Jean-Frédéric Messier, Daniel Danis) et plusieurs auteurs furent entendus pour la première fois sous sa direction (Geneviève Billette, Fanny Britt, François Létounreau, Étienne Lepage). Il est un des cofondateurs du Théâtre PÀP. Cette prolifique compagnie montréalaise participe au développement dramaturgique des auteurs québécois et canadiens depuis 1978. Elle a produit plus de 80 pièces issues du répertoire contemporain. theatrepap.com